domingo, 26 de setembro de 2010

Une nouvelle sécheresse frappe l'Amérique du Sud

Une zone détruite par les incendies causés par la sécheresse à Chapada dos Guimaraes (Brésil), le 29 août 2010.
REUTERS/RICARDO MORAES
Une zone détruite par les incendies causés par la sécheresse à Chapada dos Guimaraes (Brésil), le 29 août 2010.
La Niña fait à nouveau parler d'elle en Amérique du Sud. Ce phénomène climatique, qui refroidit périodiquement de deux à trois degrés les eaux de surface au centre et à l'est de l'océan Pacifique, et réduit l'humidité dans l'atmosphère, provoque une sérieuse sécheresse au sud du continent. Le printemps et l'été australs s'annoncent peu pluvieux. Les régions les plus touchées sont le centre de l'Argentine, le sud-ouest de l'Uruguay, le sud du Paraguay et celui du Brésil

Du fait de la baisse de température dans l'océan, les "fronts froids", qui d'ordinaire apportent les pluies au continent, sont plus éphémères ou restent circonscrits aux zones côtières. Les régions de l'intérieur souffrent alors d'un déficit pluviométrique. Le volume des pluies n'arrose pas assez les terres agricoles et les pâturages, et retarde la germination des semences. C'est ce qui se passe depuis des semaines au Brésil. Pour l'instant, la sécheresse frappe surtout l'élevage. Elle a entraîné, depuis mai, une hausse de 16 % des prix de la viande bovine. Même préoccupation en Uruguay, gros exportateur de boeuf, où le gouvernement a annoncé des mesures de soutien aux éleveurs.
Le phénomène est récurrent. En 2008 et 2009, l'Argentine avait été la plus touchée, dans la région, par une sécheresse qui avait frappé durement le continent. Le pays avait perdu de 1,5 à 1,8 million de bovins dans une pampa à l'herbe jaunie où sévissait, de surcroît, le fléau des sauterelles. Nombre d'éleveurs avaient vendu leur exploitation et sacrifié leurs vaches, faute de pouvoir les nourrir.
RÉCOLTES MENACÉES AU BRÉSIL
Au Brésil, l'inquiétude grandit aujourd'hui pour les céréales, après une récolte de grains 2009-2010, annoncée comme la meilleure de l'histoire du pays. Au sud-ouest de São Paulo, il n'a pas plu depuis soixante-cinq jours, ce qui bouleverse le calendrier des exploitants. L'un d'eux, Paulo Nunes, explique au journal Estado de São Paulo : "Mes travaux ont pris un mois de retard. Je n'ai fait que 30 % de mes semailles. J'irrigue depuis quarante jours et mes réservoirs ont atteint un étiage inquiétant."
La période des cultures ne fait que commencer. Mais les fermiers redoutent que l'absence de pluies ne se prolonge. Ils s'informent en temps réel des prévisions des radars météo, qui ne leur laissent pas espérer la moindre giboulée avant trois semaines. La sécheresse incite certains à modifier leur plan de semailles, par exemple à privilégier le soja, plus résistant, aux dépens du maïs.
La sécheresse frappe le Brésil au moment où les agriculteurs entrevoyaient une année très rentable, du fait de la hausse des cours des principaux produits : soja, maïs, blé, riz et coton. La Russie, troisième exportateur mondial de blé, frappée par une canicule estivale, a annoncé en août un embargo sur ses ventes à l'étranger de blé et de produits dérivés jusqu'à la fin 2010. D'où une flambée des prix de cette céréale. Autres augmentations : celles du prix du coton (30 %) et du soja (15 %). Argentine et Brésil figurent, avec les Etats-Unis, dans le trio de tête des exportateurs mondiaux de maïs et de soja. Ils alimentent massivement les marchés de l'hémisphère Nord pendant ses mois d'hiver. La hausse des cours va donc entraîner une hausse des prix à la consommation un peu partout dans le monde, y compris au Brésil.
L'AMAZONE ET SES AFFLUENTS EXSANGUES
La sécheresse a d'autres conséquences écologiques et économiques. Elle aggrave les brûlis traditionnels, particulièrement nombreux cette année, qui ravagent la nature. 72 000 départs de feu ont été enregistrés depuis le début de 2010. Elle diminue les réserves d'eau dans les barrages qui alimentent les centrales hydroélectriques. Le pays devra faire davantage appel aux usines thermiques, plus coûteuses, ce qui renchérira l'énergie consommée.
La sécheresse n'épargne pas la région la plus humide du Brésil, l'Amazonie. A Manaus, la capitale régionale, l'Amazone est à son niveau le plus bas depuis 1963. Les enfants jouent dans le lit asséché du Quarenta, un affluent du fleuve qui traverse la ville. On saura dans quelques semaines, à la fin de la saison sèche, si le record de 1963 est battu.
La situation est plus grave à un millier de kilomètres de là, dans la région du Haut-Solimoes, l'affluent qui, en s'unissant à Manaus avec le Rio Negro, forme l'Amazone. Plusieurs localités ont dû fermer leurs ports à la navigation pour préserver la sécurité des passagers. Certains cours d'eau sont presque à sec, rendant la navigation impossible. Quelques communes isolées manquent d'eau potable.
Cette sécheresse confirme l'accentuation des écarts saisonniers des débits de l'Amazone. En 2009, le plus puissant fleuve du monde avait connu une crue historique mais il est impossible d'établir un lien direct entre le changement climatique mondial et les évolutions de l'Amazone. Une chose est sûre néanmoins : la variabilité climatique amplifie les situations extrêmes. Lors d'une réunion régionale à Bogota de l'Organisation météorologique mondiale (OMM), cette semaine, son secrétaire général, Michel Jarraud, a exprimé sa "grande inquiétude" face à l'intensification prévisible de ces phénomènes extrêmes et appelé la communauté internationale à "prendre des mesures le plus rapidement possible".

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